Un monde pour deux
Il existait un monde merveilleux
Où tout allait par deux
Que de jumeaux, de paires à l’horizon
On ne se posait aucune question
Rien ne dérangeait tant que c’était respecté
Il ne fallait que de son double, personne ne soit séparé.
Mais un jour lointain
Vint à changer le destin,
Dans ce royaume aux cent mystères
Les créatures chantaient un drôle d’air
Tout semblait pourtant normal
Toute la nature, de l’homme à l’animal :
Ces deux rochers allaient de paire
Ces jumeaux étaient bien frères
Ils partaient même en quête d’amour
A ces jumelles, ils firent la cour
Deux beaux chevreaux s’amusèrent
Quand deux semblables loups les observèrent
Le palais symétriquement construit donnait une belle image
Celle d’un château double, un vrai mirage.
Deux rois régnaient du haut de leurs deux tours
Ils présentaient leurs lois à leurs deux Coures
Tandis que nos deux belles reines
Se maquillaient et discutaient sans gêne
Deux paysans, deux bouffons, deux princes et princesses
Deux forêts, deux objets, deux palais, couples de maladresse
Car l’un se trompait ou trébuchait
L’autre suivait et puis tombait
Ainsi était régie la vie
Au palais rongé par la monotonie.
Mais ce jour vint sur son cheval
Une Belle au teint pâle
Des longs cheveux noirs tombaient le long de son corps
Elle portait une robe aux couleurs de l’or
Sans être suivie par une moitié
Qui d’ordinaire, aurait dû l’accompagner
Elle était seule, parmi les paires
Et très mal vue par les vieux Pères.
Une seule jeune fille, un unique cheval
Pour le Palais, tout cela était bien mal
« - N’est-elle même pas honteuse ?
- Qu’elle petite malheureuse !
- Est-elle née ainsi ?
- Quelle drôle de vie ! »
Et toutes les Grandes dames parlaient sur son sort
Elles se moquaient, et riaient bien fort
Mais sur cela une des deux Reines eut bien peur
Que son secret soit découvert dans l’heure
Car la pauvre amie qui ne parlait plus beaucoup
Avait subit un terrible coût !
Fort longtemps avant son règne, des années bien plus tôt
La demoiselle n’avait point mis au monde des jumeaux
Mais un seul fils dans une chaumière
Seul, sans aucun frère.
La honte l’aurait accablée
Mais par miracle apparut une petite fée
Elle lui promit alors, qu’il ne resterait pas seul, qu’il trouverait sa moitié
Qu’il deviendrait quelqu’un de grand, dans plusieurs années
Mais pour cela elle devait le laisser là
L’abandonner, le confier ici bas
Loin du Royaume où il aurait été châtié
Loin de ce monde qui n’aurait su l’accueillir ou l’aimer.
A contre cœur la pauvre mère partit
Et sans jamais l’oublier vécu sa vie
Ainsi était-elle la seule du palais
A rencontrer la Belle en paix.
Elle n’avait point d’arrières pensées
Elle voulait, de tous ces gens la protéger.
Ainsi retournait-elle quelques années en arrière
Elle aurait tant voulu être cette mère.
Voulant un peu racheter son crime
Elle consola la sublime.
Personne de la Cour ne comprenait
Les agissements de leur deuxième Reine, ses actes de paix.
Elle commençait à être mal vue
Tout comme la Belle qui s’en voulut
« - De part ma faute, ma Reine, tu t’attires des ennuis
- Non, ma fille, j’aurais déjà dû assumer tout cela au début de ma vie.
- Je ne comprends pas, mais par pitié ma chère,
Retrouver votre royaume, ne vous occuper point de mes affaires !
- Je veux juste me faire pardonner
D’un passé, malgré moi oublié. »
Et la fée sur ces mots apparut
Quand la Reine n’y croyait plus.
La Belle, fort surprise, s’éloigna de quelques pas
La Reine une dernière fois la réconforta
Puis devant ses yeux émerveillés
La fée, d’un coût de baguette fit apparaître le fils tant aimé.
Il avait grandit, il était fort et beau
La reine pouvait retourner au château.
Un mois s’estompa,
Et personne jusque là
Ne sût dire ce qui c’était produit
Car la Reine, pas un mot ne dit.
Mais un jour tout à fait ordinaire
Vint bouleversé le monde des paires.
Se tenant tous deux la main
Arrivèrent la Belle et le Prince sur le chemin
Tous deux se présentèrent à la Cour
Devant le roi comme ils l’avaient prévu l’avant-jour
Et tous deux parlèrent ensemble, à l’unisson
Et déballèrent un discours bien long.
Il fallait vivre à deux dans ce cruel monde
Alors devant les divines ondes
Ils racontèrent leurs aventures :
Nés ainsi et rejetés de l’autre bord de ces murs
Ils grandirent seuls chacun de leur côté
Toujours aidée par ces bonnes fées
Mais comme en avait été prévenue la Reine
Son fils aîné, trouverait sa moitié sans peine
En effet, ensemble, ils vinrent se présenter
Comme un couple, car ils s’étaient enfin trouvés.
Tout le monde écoutait attentivement
On admirait ces jeunes enfants.
Il fallait avoir beaucoup de courage
Pour donner une telle image,
Mais la Reine était si fière
Qu’elle reconnut là, la plus belle des paires.
Le fils avait enfin levé sa malédiction
Et remercia la fée de ce merveilleux don :
Il épousa la Belle, un jour où le vent caressait les âmes
Elle fut, elle, la plus heureuse des femmes.
Ainsi pour la centaine d’années à venir
Ils vécurent heureux et se donnèrent un bel avenir
Ils devinrent à leur tour Roi et Reine
Et bannir, hontes, préjugés et cette grande haine
Qui parcouraient autrefois tout le Palais
Laissant place à une gentille et douce paix.
La morale nous dira encore une fois
Qu’il faut tolérer les autres, quelqu’ils soient
Qu’il ne faut pas juger ainsi autrui
Car dans la vie, tout peut arriver à n’importe qui
Il faut être vigilant, et surtout bon et complaisant
Il ne faut pas châtier le plus faible, le paysan, le différent.
Elle nous apprendra qu’également
Chacun peut trouver son autre dans le temps
Que le mythe d’Aristophane est peut-être fondé
Et que chacun finit toujours par trouver – quelqu’elle soit – sa moitié.
Manon